Des sites sylvopastoraux en plein essor en Tunisie, aux innovations de haies-brise-vent sur le plateau sec et venteux de Konya en Turquie, jusqu'aux plateformes pionnières caroubier–arganier au Maroc, chaque visite a révélé des innovations socio-techniques spécifiques, des partenariats solides et une détermination commune à lutter contre la dégradation des terres grâce à la restauration et aux pratiques régénératives.
Ces rencontres ont également joué un rôle majeur dans la communication et la coordination entre partenaires. Elles ont permis des discussions riches qui ont contribué à orienter le travail des différentes tâches du projet et à définir une stratégie commune, à la fois au sein du consortium et avec les acteurs locaux.
Tunisie – février & avril 2025
En ce début d'année, les partenaires de TransforMed se sont rendus à deux reprises en Tunisie, rejoignant leurs collègues locaux pour des semaines intenses de collaboration, d'exploration de terrain et de planification stratégique.
Des réunions avec des institutions publiques, des acteurs agricoles et des représentants communautaires ont permis d'aligner les prochaines étapes tout en mettant en valeur les résultats tangibles de la restauration sur le terrain.
Les visites ont inclus les trois sites de restauration, où de nouvelles plantations d'arbres et d'arbustes prospèrent, protégées par des calendriers de pâturage conciliant régénération des terres et moyens de subsistance des éleveurs. Un moment fort fut la visite du site phare de Chahda à Zaghouan, excellent exemple de collaboration entre la recherche (ICARDA), les autorités foncières publiques (Direction Générale des Forêts) et les organisations paysannes (Groupements de Développement Agricole) autour de la gestion régénérative du pâturage.
Les partenaires ont également rencontré l'Association CAPTE, nouvellement intégrée au consortium. Elle a guidé le groupe vers des initiatives agroforestières dans les régions du Kef et de Siliana, où ils ont pu observer des pratiques efficaces de restauration des sols par la plantation d'arbres, ainsi que des exploitations illustrant des systèmes agricoles complexes et productifs.
Turquie – mai 2025
En mai, les partenaires du projet ont visité la région de Konya, plateau situé à plus de 1 000 mètres d'altitude, recevant à peine 250–300 mm de pluie par an. Ce climat rigoureux, marqué par l'érosion éolienne, la rareté de l'eau et les sécheresses prolongées, fait du brise-vent, du boisement et des pratiques sylvopastorales durables des outils essentiels pour protéger les sols, renforcer la biodiversité et soutenir les moyens de subsistance ruraux.
Le groupe a exploré le site phare de l'exploitation agricole Altınova TİGEM, où coexistent des haies-brise-vent historiques établies dans les années 1960 et de nouvelles plantations communautaires. Des agriculteurs comme Mustapha à Damlakuyu élargissent les haies résistantes à la sécheresse et expérimentent des haies multistrates pour une meilleure protection des terres. Dans les villages de Böğrüdelik et Burunoba, les habitants, notamment les femmes, se sont montrés très intéressés par la participation aux essais de restauration, en développant des cultures aromatiques (thym, lavande) au sein des zones boisées, alliant ainsi opportunités économiques et bénéfices environnementaux.
Les échanges techniques avec l'exploitation phare de TİGEM, la pépinière forestière de Konya et la Direction Générale des Forêts ont enrichi le dialogue sur la sélection des espèces adaptées aux steppes arides, la production de biomasse et les modèles de gestion à grande échelle pour la restauration des terres.
Maroc – juin 2025
En juin, plusieurs partenaires du projet se sont retrouvés dans la région d'Essaouira pour une mission de terrain alliant exploration pratique et dialogue politique. Guidée par l'ANDZOA et AGENDA, l'équipe a visité les parcelles phares d'arganiers ainsi que la nouvelle Plateforme Agroforestière, site de démonstration pour les essais de plantations. Les essais en cours associent figuier de Barbarie et câprier aux arganiers, afin d'évaluer leurs performances environnementales, économiques et sociales en conditions arides.
La mission s'est poursuivie à Agadir, avec un atelier de concertation mené par l'Université d'Évora dans le cadre de la tâche « Enabling Policies for AFS Adoption ». Chercheurs, décideurs et praticiens ont partagé leurs points de vue, identifié des manques et défini des opportunités pour renforcer la gouvernance de l'agroforesterie. Les discussions ont mis en avant l'importance de :
- la contribution de l'agroforesterie au stockage de carbone et à l'atténuation du changement climatique ;
- une meilleure coordination entre organisations ;
- le renforcement des capacités techniques et administratives des agriculteurs et associations.
Ces engagements, à la fois sur le terrain et au niveau politique, témoignent d'une volonté partagée de développer l'agroforesterie au Maroc. Ils montrent que la combinaison d'innovations pratiques et de cadres stratégiques peut ouvrir la voie à un véritable changement d'échelle.